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Le média social, 19 juin 2023

« Exclus du Ségur : nouvelle mobilisation dans toute la France le 28 juin »

« Le Collectif national « Ségur pour tous », qui rassemble plus de 200 associations du secteur social et médico-social dans 13 régions, lance une nouvelle mobilisation le mercredi 28 juin.

Moins d’un mois après leur dernière manifestation, les organisations prévoient des rassemblements à Lille, Lyon et Bordeaux pour réclamer la revalorisation de tous les professionnels des établissements et services. Selon le collectif, « 30 % des salariés du social et du médico-social n’ont pas obtenu la revalorisation salariale de 2 856 € par an prévue dans le Ségur de la santé ».

Au-delà de « la prime Ségur pour tous », les associations réclament « des moyens pour préserver [leur] modèle social et associatif » et, en particulier, « un nombre de personnels suffisant pour maintenir un accompagnement de qualité ».

Retrouvez tous nos articles sur ce sujet dans le dossier#Ségurdelasanté

Le collectif Ségur pour tous avait également co-signé début juin une tribune dans le journal Libération « Il nous faut sauver les métiers du lien » dont vous trouverez le texte ci-dessous :


Solutions solidaires : tribune
Il nous faut sauver les métiers du lien !

L’accompagnement du vieillissement de la population comme des situations de précarités économiques impose de sortir des logiques comptables de court terme. Qu’est-ce qu’une aide à domicile, une aide-soignante, un éducateur spécialisé ou un assistant familial peuvent bien avoir en commun ? Ces quatre réalités professionnelles ont comme cœur de métier le lien humain, l’attention à l’autre et le prendre soin. Sans eux, nous serions, aux moments les plus difficiles de nos vies, isolés, laissés-pour-compte, sans aide et sans recours. Pourtant, ces indispensables métiers du lien présents dans les champs social, médico-social comme sanitaire, vivent une même urgence. Celle des besoins qui augmentent dans une société précarisante et vieillissante, alors que les recrutements sont en berne et les démissions nombreuses. Pourtant l’envie d’aider, de prendre soin, d’accompagner les plus fragilisés motive toujours les Françaises et les Français. Mais, pris dans l’étau des logiques de profit et de performance (reporting, paiement à l’acte, digitalisation des parcours et des dossiers, recours croissant à l’intérim, etc.), ces travailleur·se·s doivent faire face à l’injonction contradictoire de tisser des liens dans une société qui les malmène et une économie qui les défait. Conséquence, elles et ils doivent faire face à la multiplication des vulnérabilités avec un manque chronique de moyens, de formation et de temps. La société fait pourtant face à des enjeux inédits, comme les transitions numérique et démographique. L’accompagnement du vieillissement de la population comme des situations de précarités économiques impose de sortir des logiques comptables de court terme afin de préparer un avenir dans lequel les métiers du lien puissent cultiver la dignité d’une personne précarisée, assurer l’autonomie d’une personne en situation de handicap, ou accompagner le développement d’un enfant. Prendre soin des plus fragilisés d’entre nous est une nécessité sociale qui ne peut reposer sur l’immense dévouement de ces travailleuses – selon les métiers, la part des femmes est de 80% à 97% –, d’autant qu’elles sont souvent elles-mêmes en situation de vulnérabilité. Ce dont notre société a tant besoin, c’est d’un engagement collectif à leurs côtés : chacun doit pouvoir faire sa part pour qu’advienne une véritable «société du lien».

Ce projet est à mener d’abord sur le plan de la formation des travailleur·se·s du lien. Un tronc commun contenant les compétences clés de savoir-être et d’humanisme pourrait être un premier pas afin de valoriser ces capacités qui sont encore trop considérées comme «naturelles». Ensuite, la reconnaissance de la société doit bien sûr se manifester au travers d’une rémunération digne, à la hauteur des qualifications, elles-mêmes légitimées par des formations et des diplômes rénovés ou, tout simplement, à inventer. Enfin, pour tenir compte des besoins croissants en matière de suivi, de coordination, de prévention, qui ne pourront pas être constamment reportés sur les travailleur·se·s engagés aujourd’hui, de nouveaux métiers devront aussi être conçus et reconnus. Les métiers du lien sont les métiers de demain. L’investissement consenti est à coup sûr un pari gagnant en matière sociale, économique, écologique, mais également en matière de santé publique. Les métiers du lien et du prendre soin sont les chevilles ouvrières du virage de prévention en santé que notre pays doit emprunter. Ils sont aussi les garants du pouvoir d’agir citoyen et de l’égalité réelle des droits humains et sociaux qui donnent sens à la démocratie sociale ! La bataille qui s’annonce en faveur de ces métiers est donc culturelle et sociétale. Nous appelons à un sursaut collectif, institutionnel et populaire, et à une grande mobilisation nationale en leur faveur, comme on a su le faire pour les métiers de la défense nationale. Nous souhaitons rassembler le plus largement pour bâtir cette société du lien dont ces travailleur·se·s sont l’avant-garde. C’est par cet engagement, juste et partagé, que nous améliorerons la qualité de vie et les conditions de travail de millions de personnes. C’est par prise de conscience collective que nous pourrons continuer d’accompagner la sortie de la précarité, de soigner nos malades, d’éduquer nos enfants, de prendre soin de nos aînés, et de faire une place véritable à nos concitoyens en situation de handicap. C’est ainsi que nous redonnerons du sens et de la force à ce qui fonde notre modèle de société et notre vie commune. Tribune signée par Jean-Luc Gleyze, président du département de la Gironde, vice-président du Haut Conseil du travail social ; Pascal Brice, président de la FAS ; François Deluga, président du CNFPT ; Collectif «Ségur pour tous» ; Françoise Morello, présidente de l’ARTS ; Julien Blot, président du CA du Gepso ; Anne Salmon, sociologue, professeure au Cnam ; Laurent Courtois, sociologue ; Fabienne Brugère, philosophe, professeure à l’Université Paris 8 ; Vincent Jarousseau, journaliste, réalisateur et auteur de la BD les Femmes du lien ; Robin Troutot, directeur des rédactions EHPA, consultant pour le think tank Matières grises.